7 janvier 2006
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23:00
Parlez de ce qui fâche !
L'un de mes clients s'est vu reprocher récemment pas son patron une évaluation un peu raide d'un collaborateur. "Vous comprenez, a dit le patron, il y a des choses qui ne se disent pas." C'est ce genre de position qui fait de l'entretien annuel, dans la plupart des entreprises, un grand classique de la langue de bois. On se congratule, on se dit des platitudes pathétiques du genre : "Vous pourriez améliorer la contribution de votre service aux objectifs de l'entreprise en créant des synergies avec les équipes commerciales." Un beau jour, le collaborateur se retrouve dans un placard, ou licencié, sans comprendre ce qui lui arrive. "J'avais pourtant toujours eu de très bonnes évaluations !" Il n'a pas su décoder le langage implicite du non-dit, on l'a laissé se débattre et s'enfoncer tout seul dans ses insuffisances.
Oui mais voilà. Parler de ce qui fâche demande du courage. Et le courage n'est pas une qualité très valorisée dans l'entreprise. "diplomatie", "gestion souple des conflits", "dédramatisation", "calmer le jeu" : autant de faux nez derrière lesquels se dissimulent la peur de la franchise dans les couloirs feutrés des sièges sociaux, la peur du coup de gueule et de la confrontation. Pourtant, si vous ne dites jamais clairement à vos collaborateurs ce qui cloche, ne venez pas leur reprocher ensuite de ne jamais s'améliorer. L'évitement obsessionnel du conflit est contre-productif pour plusieurs raisons.
La plupart des gens acceptent très bien les reproches quand ils sont fondés sur des faits réels et assortis d'axes de progrès concrets et mesurables. Ils font de véritables efforts pour s'améliorer et la plupart du temps ...ça marche !
La confrontation est une figure normale de la relation. Il est parfaitement possible de se fâcher et de se réconcilier, de s'énerver, puis de s'excuser. La relation en sort grandie et purifiée, la confiance est nourrie par le constat qu'il est possible de se dire les choses sans dégâts.
Un manager qui n'aide pas ses collaborateurs à dépasser leurs limites ne remplit que la moitié de sa mission. La mise en valeur des aspects positifs doit s'assortir d'une discussion franche, sincère, et argumentée sur les insuffisances. Si vous ne savez pas formuler des critiques, vos compliments n'ont aucune valeur.