16 janvier 2006
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Il faut parfois savoir se mettre en colère
Entre le patron caractériel qui "pète les plombs" à la moindre contrariété et le diplomate qui, ne disant jamais un mot de plus haut que l'autre, semble perpétuellement éviter le conflit (quitte à se rattraper sur le Maalox) quel est le bon dosage ? L'expression de la colère, et donc de la violence, dans le cadre consensuel de l'entreprise nous renvoie à notre propre expérience de cette émotion essentielle, une expérience forcément ambivalente et parfois terrifiante.
Côté pile : un bon coup de gueule n'a jamais fait de mal à personne, ça a le mérite de clarifier la situation ; qui aime bien châtie bien ; certains collaborateurs ne comprennent que ce langage-là. Côté face : hurler au visage des gens, 'c'est ne pas les respecter ; un manager doit tenir ses nerfs ; le conflit est stérile ; on doit pouvoir s'expliquer intelligemment ; il est vulgaire de s'emporter, etc. Comment sortir de cette contradiction dont chaque versant semble légitime ? Peut-être en prenant conscience que :
- Le conflit est une figure normale de la relation. Il exprime une charge émotionnelle qui naît dès que deux personnes se retrouvent face à face et doivent confronter leurs visions du monde.
- Exprimer l'émotion violente que fait naître ce conflit n'est pas bien élégant, mais c'est un moindre mal comparé au fait de laisser macérer et s'infecter les problèmes dans une hypocrisie soft. Ils ressortiront toujours là où on ne les attend pas.
- Tant qu'il se cantonne aux mots et ne s'accompagne pas de gestes violents, la colère est acceptable car, comme le savent tous les protagonistes d'une scène de ménage, elle permet à l'agressivité de s'exprimer et au dialogue de progresser après une phase de rupture.
- La colère est réversible : il est toujours possible de revenir s'excuser. La relation qui en résulte est plus profonde, enrichie d'une cicatrice qui témoigne d'un obstacle surmonté ensemble.
- On ne raisonne pas avec un homme en colère. Il faut accepter son émotion et laisser retomber la poussière.
- Il est légitime de se sentir furieux lorsqu'on est objectivement lésé. Mais si vous ne dites pas "aie" quand on vous marche sur les pieds, l'autre ne peut jamais savoir qu'il en train de vous écraser les orteils.
- Prenez le risque d'exprimer votre frustration et de poser vos limites. Vous n'êtes pas obligé d'avoir raison. Mais vous avez le droit de ressentir. Et de le dire. Même dans les couloirs feutrés de l'entreprise.